« Le visage est le lieu de la reconnaissance mutuelle.
Dans l’anthropologie des sociétés occidentales le visage est avec la voix et le sexe, la matrice la plus forte du sentiment d’identité.
Tout visage est un théâtre des apparences. Et le pouvoir est par excellence la représentation.
Au sens théâtral mais aussi sociologique du terme : une image, seulement une image, un fantasme vulnérable à un regard trop attentif qui ne respecte plus les conventions.
Olivier Roller montre que le pouvoir est toujours un masque, posé sur le visage d’hommes ordinaires que sublime leur statut. Ses photographies font effraction dans le dispositif rituel qui exigerait des modalités de sacralisation. Elles sont un accroc aux exigences de la société du spectacle. Dans l’atelier du photographe, les masques tombent, la théâtralité s’efface, un autre cérémonial est de mise dont le maitre d’œuvre est l’artiste qui commande les gestes, les mimiques, le temps des poses. Pendant une heure, le pouvoir change de mains. L’arbitraire se renverse, sans doute aussi sa violence.» 
David le Breton

On pourrait décrire le pouvoir de manière rigoureuse. Les sciences sociales le font. Et pourtant, le pouvoir reste un fantasme. Louis Marin le dit bien quand il défini le pouvoir comme le fait d'être en état d'exercer une action sur une personne ou une chose. Le pouvoir ce n'est pas agir, mais en avoir la possiblilité. Le pouvoir a toujours été perçu comme théâtral, de l'ordre de la représentation. Il ne s'institue, ne s'exerce qu'en montrant ses signes. Ceux-ci sont évidents sur les corps, les lieux, les territoires du pouvoir. Qu'en est-il des visages? Des années d'exercice du pouvoir marquent-elles les chairs? C'est l'objet de ce travail. Olivier Roller